L'école de la voie de la paix :
Historique
Le Wado-ryu ("école de la voie de la paix") est un style japonais de Karate qui
fut fondé par Hironori Ohtsuka (1892-1982) à la fin des années 1930. Hironori
Ohtuka, né à Shimodate City (préfecture d'Ibaragi) s'initie dès l'âge de six ans
au Jujitsu de l'école Shindo Yoshin-ryu, avec son père Tokujiro Ohtsuka, puis en
1905 avec Nakayama Tatsusaburo, qui était également expert en Kendo. Hironori
Ohtsuka obtient un Menkyo Kaiden de cette école en 1921. A cette époque, il a
également l'occasion d'étudier le Yoshin Koryu avec Kanaya Motoo.
En 1922, l'article d'un journal rapporte que l'empereur Hiro Hito a assisté lors
d'un séjour à Okinawa à une démonstration de Tode (qu'on nommera par la suite
Karate) de style Shuri-te, et que l'okinawaien Gichin Funakoshi, le futur
fondateur du style Shotokan, doit effectuer une nouvelle démonstration à Tokyo.
La curiosité d'Hironori Ohtsuka le pousse à s'y rendre aussitôt ; il rencontre
au gymnase Meishojuku Funakoshi, qui donne des cours de Karate à quelques
étudiants, et est accepté comme élève.
Peu à peu va s'imposer dans l'esprit d'Ohtsuka l'idée d'adapter les techniques
d'atemi du Shindo Yoshin-ryu au Karate de Funakoshi. Après quatre ans d'études,
il devient instructeur assistant de ce dernier et parcourt avec lui le Japon
pour promouvoir le Karate, abandonnant pour cela l'enseignement du Yoshin
Shindo-ryu.
En 1924, les deux hommes se rendent à la salle d'entraînement au Kendo de
l'université Keio, et rencontrent Konishi Yasuhiro, le futur fondateur du style
de Karate Shindo Jinen-ryu, qui y enseigne le Kendo et le Jujitsu. Ils
obtiennent de lui le droit de pratiquer le Ryukyu Kempo To-te Jutsu, comme
Funakoshi appelle alors son art, dans cette salle.
Ohtsuka, qui a abandonné son emploi dans une banque de Shimodate pour pratiquer
la médecine traditionnelle comme son père, ouvre plusieurs clubs à Tokyo dans
les universités de Todai, Rikkyo et Nihon notamment, et commence à élaborer dès
1929 une forme de Kumite (combat libre) adaptée à la compétition, s'éloignant
ainsi des méthodes d'enseignement de Funakoshi. Il estime d'ailleurs que
certaines techniques des katas traditionnels ne sont pas adaptées au sparring,
et se met à intégrer au Karate des éléments issus du Jujitsu et du Kendo
notamment. Il se livre ainsi à des expériences avec l'aide de maîtres tels que
le fondateur du Shito-ryu Kenwa Mabuni, le pratiquant de Naha-Te Choki Motobu,
le fondateur du Judo Jigoro Kano ou encore celui de l'Aïkido Morihei Ueshiba.
La séparation d'avec Funakoshi devient dès lors inévitable. Ohtsuka officialise
cet état de fait en inaugurant en 1934 sa propre école, la Dai Nippon Karate
Shinko Club (qui deviendra en 1938 la Dai Nippon Karatedo Shinbukai), ainsi que
son style, qui est d'abord enregistré sous le nom de Shin Shu Wado Ryu en 1938,
puis de Wado Ryu en 1940 lors du 44e festival de Budo de Kyoto.
Après la Seconde Guerre Mondiale et la levée de l'interdiction en 1951 de la
pratique des arts martiaux au Japon, la Zen Nippon Karate Renmei ("Fédération de
Karate de tout le Japon", qui reste néanmoins une organisation privée de
Wado-ryu) est créée. Le nom Wadokai est enregistré en 1964 au sein de la Japan
Karate Federation. Les années qui suivent voient la diffusion du Wado-ryu en
Europe et aux USA notamment. Hironori Ohtsuka décède en janvier 1982.
Styles
A la mort d'Hironori Ohtsuka, le style s'est divisé en trois :
Wado Kai JKF : la branche des étudiants seniors d'Ohtsuka, qui perpétuent
l'enseignement de leur maître.
Wado Ryu Renmei : la branche du fils d'Ohtsuka, Jiro, qui fit sécession
avec la Wado Kai quelques mois avant la mort de son père.
Wado Kukosai WIKF : la branche de Tatsuo Suzuki.
Technique
Le Wado-ryu est un style souple et fluide, aux postures relativement hautes, où
l'on cherche à esquiver l'adversaire et à retourner sa force contre lui. Il
n'existe donc pas d'exercices visant à renforcer les armes naturelles.
Selon Jiro Ohtsuka, le Wado-ryu est avant tout une méthode de Ju Jutsu, à
laquelle furent ajoutées des techniques du Karate d'Okinawa et les principes
issues du Kendo et des écoles d'armes Yagyu Shinkage-ryu et Toda. On utilise
ainsi projections et clés, l'influence du Kendo se faisant particulièrement
sentir dans le Kihon Kumite et les Tanto-Dori et Tachi-Dori.
Les postures (Tachikata) sont : Shizentai (Hachiji Dachi, Yoi, posture
naturelle), Hidari/Migi Shizentai (Lenoji Dachi, posture naturelle
gauche/droite), Jigo tai, Naihanchi Dachi (cavalier haut), Shiko Dachi (sumo),
Kiba Dachi (cavalier), Zenkutsu Dachi (vers l'avant), Junzuki Dachi (d'attaque),
Gyakuzuki Dachi (inversée), Kokutsu Dachi (vers l'arrière), Nekoashi Dachi (du
chat), Seishan Dachi (cavalier en diagonale), Teiji Dachi (Junzuki no Tsukkomi
Dachi, en T), Kataashi Dori (de la grue), Kosa Dachi.
Les armes naturelles utilisées sont : Seiken (poing), Uraken (revers de poing),
Shuto (tranchant de la main), Haito (tranchant interne de la main), Teisho
(paume de la main), Koken (dos du poignet), Hiraken (phalanges), Ippon Ken
(phalange de l'index), Nakadaka Ippon Ken (phalange du majeur), Nukite (doigts),
Tetsui (poing en marteau).
Les techniques du style sont les suivantes :
- Tsuki Waza (techniques de frappe de la main) : Junzuki (direct), Gyakuzuki
(inversé), Tobikomizuki (claquant), Nagashizuki (claquant avec esquive),
Furizuki (balançant), Uraken (de revers), Shuto (du tranchant de la main, en
couteau), Tettsui (de la base du poing, en marteau), Nukite (de la pointe des
doigts, en lance), Empi (du coude).
- Keri Waza (techniques de coups de pied) : Maegeri (vers l'avant ; keage :
claquant, kekomi : pénétrant), Mawashigeri (circulaire), Sokuto (du tranchant du
pied), Fumikomi (écrasant), Kansetsu (écrasant le genou), Gyaku Mawashigeri
(circulaire partant de l'intérieur), Ushirogeri (arrière), Yokogeri (de côté),
Kakatogeri (écrasant vers l'intérieur), Atoshigeri (descendant), Uchi
Mawashigeri (circulaire vers l'intérieur), Ushiro Mawashigeri (circulaire
retourné), Nidangeri (double sauté), Yoko Tobigeri (sauté de côté), Mikazukigeri
(en croissant), Ushiro Kakatogeri (écrasant vers l'intérieur retourné), Hizageri
(du genou), Ashi Barai (balayage)
- Uke Waza (techniques de réception) : Jodan Uke (blocage haut), Gedan Barai
(blocage bas balayé), Uchi Uke (blocage vers l'intérieur), Soto Uke (blocage
vers l'extérieur), Shuto Uke (blocage du tranchant de la main), Age Uke (blocage
ascendant), Jiju Uke (blocage en croix), Otoshi Uke (blocage descendant), Kake
Uke (blocage en crochet), Tetsui Uke (Blocage écrasant), Ude Uke (blocage de
l'avant-bras).
En 1939, seuls 9 katas (enchaînements pré-arrangés)
furent enregistrés au Butokukai de Tokyo :
- Pinan : Shodan, Nidan, Sandan, Yondan, Godan
- Kushanku
- Naihanchi
- Seishan
- Chinto
D'autres katas furent ajoutés par la suite : Wanshu, Bassai, Jitte, Jihon,
Niseishi, Rohai, Suparinpei.
Le système technique se compose également de :
- 36 Kihon Kumite : 10 Jodanuke (Omote, Ura), 10 Chudanuke (Omote, Ura), 6
Gedanuke (Harai, Kosa, Morote, Hasamite), 6 Nidan Henka (Omote, Ura), 4 Sandan
Henka (Omote, Ura)
- 6 Idorigata : 4 Maedori (Shin no Kurai, Soedori, Gozendori, Kinshadori), 2
Ushirodori (Kabedori, Watashidori) ; furent ajoutés par la suite :
Tobichigaidori, Nukimi no Metsukedori, Kojirikaeshidori, Ryotedori
- 10 Tachiai : Udeotoshi, Seotoshi, Eriotoshi, Sodeotoshi, Ashiguruma,
Koshiguruma, Kataguruma, Hikiotoshi, Karisute, Kinukuguri ; furent ajoutés par
la suite : Deashigari, Osotogari, Kosotogari, Ouchigari, Kouchigari, Seoinage,
Ushirogoshi, Taiotoshi, Haraigoshi, Uchimata, Yokootoshi, Sumikaeshi, Oguruma,
Yokogake
10 Yakusoku Kumuitegata (le Yakusoku Kumite, séquences de combat à deux
pré-arrangées, inspirées du Jujitsu)
- 10 Ohyogata : un mélange de Kihon Kumite et de Tachiaigata
- 5 Tantodori : Udegaramidori, Kotenagedori, Ungadori, Erinagedori, Zudori,
Hikitatedori, Hikiotoshidori
Tachidori - Shinken Shirahadori : Jodan, Kesa, Do, Tsuki, Kote, Nagi ; furent
ajoutés par la suite : Jodandori, Chudandori, Gedandori, Wakigamaedori,
Hassodori
- 5 Kassatsu Jizaigata : Suikatsu, Rakukatsu, Oukatsu, Yukatsu, Enkatsu,
Toukatsu, Dakatsu
- 3 Rataidori : Maedori, Yokodori, Ushirodori
- 14 Keisatsu Taihojutsu (techniques d'arrestation pour les policiers) : 2
Tehodoki, 3 Kansetsuwaza, 5 Nagewaza, 4 Osaewaza
- 14 Joshi Goshinjutsu (techniques de self-défense pour les femmes) : 6 Maedori,
2 Yokodori, 3 Ushirodori, 4 Osaedori
Les principes du style sont Nagasu ("aspirer comme l'eau", faire un pas de côté
pour éviter une attaque), Inasu ("laisser passer", bloquer et contrer dans le
même temps), Noru ("enrouler", contrer au bon moment afin de porter à son
maximum la force générée par le mouvement en avant), Zanshin (rester en éveil,
attentif à son environnement), Yasume (être relâché, sauf au moment de
l'impact), Irimi (entrer dans l'adversaire), Mudana no Waza (éliminer les
mouvements superflus).
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